Travailler avec les communautés pour lutter contre le choléra en République démocratique du Congo

OMS : plus de 14 pays africains ont signalé des cas de choléra depuis janvier 2022. En République démocratique du Congo, cette maladie diarrhéique aiguë est endémique dans plusieurs provinces

Depuis le début de l'année, plus de 12 300 cas suspects ont été signalés, dont 222 décès, dans 17 des 26 provinces du pays.

Le Dr Aaron Aruna, directeur de la surveillance épidémiologique au ministère de la Santé publique, de l'Hygiène et de la Prévention, évoque les défis et les efforts déployés pour lutter contre le choléra.

Pourquoi est-il si difficile de contrôler une épidémie de choléra ?

Il est difficile de contrôler une épidémie de choléra car il faut d'énormes ressources pour lancer une réponse multisectorielle et mener des recherches épidémiologiques significatives.

Les épidémies n'ont pas toutes la même dynamique, ni le même profil.

Chaque épidémie nécessite des mesures ciblées.

Prenons par exemple l'épidémie de Kalemie, dans la province du Tanganyika : la plupart des cas y sont des cas suspects.

Nous avons besoin de laboratoires capables de confirmer les cas, surtout en cas d'épidémie.

Les résultats des tests peuvent fournir des informations sur une épidémie de cas et nous indiquer quand il est temps de déclencher une réponse appropriée pour minimiser ou éliminer les cas au début de la saison des pluies avant que l'épidémie ne se propage.

Malheureusement, ce n'est que lorsque nous commençons à enregistrer les décès qu'une réponse est déclenchée ; on ne voit pas venir l'épidémie.

Une réaction tardive permet à l'épidémie de s'installer. Il vaut mieux agir quand il reste encore quelques cas pour se donner toutes les chances d'y mettre un terme.

Quel rôle joue la vaccination dans la réponse au choléra ?

La République démocratique du Congo utilise des vaccins depuis au moins 10 ans, mais nous ne déployons le vaccin que sous certaines conditions.

Premièrement, la vaccination est nécessaire lorsqu'il y a un mouvement massif de population d'une zone à haut risque vers une zone exempte de choléra.

Deuxièmement, lorsque l'épidémie se propage, nous pouvons organiser une vaccination préventive dans les zones qui ne sont pas encore touchées.

Troisièmement, les campagnes de vaccination doivent être organisées pendant les périodes où il y a peu de cas.

Lorsque nous menons des études, nous constatons que le choléra persiste même pendant les périodes de faible infection.

La vaccination à ce moment-là protégerait la population et empêcherait la propagation de la maladie.

La vaccination n'est efficace que si elle est pratiquée à grande échelle.

Si vous ne vaccinez que la population d'une aire de santé touchée alors que cette population est mobile, vous n'obtiendrez pas le résultat escompté.

C'est particulièrement vrai lorsque, par exemple, une épidémie survient dans une grande ville comme Goma.

Pour l'instant, avec une quantité insuffisante de vaccins disponibles pour un pays de cette taille, nous devons cibler les zones de santé touchées.

Le vaccin est donc un outil complémentaire à d'autres actions qui permettent de contenir et d'éliminer le choléra.

Quels sont les autres outils pour lutter contre la maladie ?

Cela commence par la surveillance, l'investigation des cas, le renforcement des soins cliniques et l'amélioration de l'assainissement et de l'accès à l'eau potable.

La communication avec la population est également essentielle. Ensemble, ces outils permettent de contrôler rapidement les épidémies de choléra.

L'attitude du public est très différente si une épidémie survient dans une zone où la maladie est récurrente par rapport à une zone où le choléra est inconnu.

Dans les zones non endémiques, les gens ont tendance à avoir plus peur et à réagir plus rapidement. En fin de compte, les systèmes de santé doivent être renforcés au niveau de l'épidémie.

Quelles leçons tirées des épidémies précédentes appliquez-vous aujourd'hui ?

Aujourd'hui, nos réponses aux épidémies de choléra sont des réponses communautaires.

La réponse doit être menée au sein des communautés, au niveau des ménages.

C'est là qu'il faut sensibiliser sur la maladie et sa prévention, expliquer ce qu'il faut faire quand il y a un cas, comment orienter ce cas vers des centres de traitement.

Cela doit être fait en conjonction avec la distribution de savon, de produits de traitement de l'eau et de médicaments, tout en travaillant avec les sociétés de distribution d'eau pour améliorer la qualité de l'eau.

Il y a aussi des actions à mener autour de l'assainissement, de la gestion des déchets et de la construction de latrines.

Cette approche multisectorielle au niveau des ménages permet aux communautés de contrôler et d'éliminer le choléra.

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La source:

OMS Afrique

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